La méthanisation émerge, état des lieux du cadre juridique

Alors que la filière photovoltaïque traverse une période noire suite à l’adoption du nouveau dispositif de « soutien », la méthanisation émerge lentement mais sûrement. Elle jouit pour ce faire d’un cadre juridique plus stable, qui s’est progressivement étoffé.

Rappelons d’abord les objectifs en chiffre : l’arrêté PPI du 15 décembre 2009 vise 520 MW de puissance supplémentaire au 31 décembre 2012 et 2300 au 31 décembre 2020 (à comparer aux 5400 du photovoltaïque). En 2008, la France comptait 481 installations de production et/ou de captage de biogaz, dont 180 installations de méthanisation (cf. étude de marché Ademe).

Selon un communiqué du gouvernement, les tarifs d’achat qui n’ont pas changé depuis 2006 (arrêté du 17 juillet 2006) devraient être revalorisés de 20% fin avril 2011. Le tarif maximal passerait ainsi de 15,2 c€/kWh à 20,1 c€/kWh. Une incitation particulière sera mise en place pour le traitement des effluents d’élevage. D’ici 2020, la CSPE (contribution au service public de l’électricité) devrait de ce fait augmenter de 1% (+300M€/an). C’est un peu moins que le photovoltaïque dans le cadre du nouvel arrêté tarifaire (+390 à 420 M€/an selon la CRE).

Outre la question du tarif d’achat, la nomenclature ICPE a été adaptée pour appréhender la « méthanisation de déchets non dangereux ou de matière végétale brute » (rubrique 2781 : DC, E ou A selon les tonnages traités) et la « consommation de biogaz provenant » de ces installations classées (rubrique 2910 c : DC, E ou A selon le classement de l’installation de production) (cf. respectivement arrêté du 10 novembre 2009 et décret du 28 avril 2010).

Un autre arrêté du 10 novembre 2009 a fixé les règles techniques applicables à ces installations. Celles soumises à enregistrement étant en outre encadrées par un arrêté du 12 août 2010.

Dans un contexte de capacités insuffisantes, plusieurs appels d’offre ont également été lancés, garantissant un prix d’achat supérieur au prix officiel. Le dernier en date s’est clos il y a quinze jours. Mais il reste le Plan de performance énergétique des exploitations agricoles 2009-2013 (PPE), financé par le budget de l’Etat dans le cadre du plan de relance de l’économie. Il prévoit des aides qui peuvent aller jusqu’à 375.000 € pour les projets liés aux équipements d’économie d’énergie et aux équipements de production d’énergie renouvelable.

Plus récemment, deux textes sectoriels sont à signaler :

– une incitation à la méthanisation pour les centres de stockage de déchets ménagers, via une réduction de TGAP pour les « bioréacteurs » (cf. art. 266 nonies du code des douanes issu de la loi de finance rectificative pour 2011);

– une incitation à la méthanisation agricole via un encadrement réglementaire spécifique, qui faisait défaut (décret du 16 février 2011).

Enfin, des débouchés prometteurs s’offrent à cette technique puisque le gouvernement annonce pour l’été 2011 la parution de textes encadrant l’injection du biogaz issu de la méthanisation sur les réseaux de gaz naturel.

Au total, le cadre juridique, qui n’est pas excessivement complexe, devrait permettre l’émergence de cette filière très prometteuse. Il conviendra toutefois de veiller à ce que ces nouveaux tarifs n’entraînent pas l’emballement qu’a connu le photovoltaïque…

Une réflexion sur “La méthanisation émerge, état des lieux du cadre juridique

  1. LES « DANGERS » DE L’ENERGIE VERTE (la méthanisation agricole) :

    « Grenelle II de l’environnement, énergies vertes, chasse au gaz à effet de serre…serait-ce à nouveau d’actualité?

    Alors….. imaginez 3 cuves de 21 mètres de diamètre et 6 mètres de haut, sous vos yeux, chaque matin, en ouvrant vos fenêtres?

    C’est le « spectacle »qui « attend » les habitants du quartier de la « rue des huiliers » à Boulay (à 25 km de Metz), où j’habite.
    En effet, la construction d’une usine de biométhanisation est prévue à quelques dizaines de mètres des habitations.
    Ce projet (privé), certes séduisant par ses facettes écologiques, est totalement inacceptable quant au lieu d’implantation envisagé : à quelques dizaines de mètres du quartier (une centaine d’habitants) et à proximité d’une cité scolaire (1600 élèves).
    Cette usine sera synonyme de pollutions et nuisances visuelles (les paysages de la Vallée de la Nied , en zone Natura 2000, « détruits » à jamais), sonores (le ballet des tracteurs « livrant » fumier et lisiers, venus des villages environnants), olfactives (odeurs d' »oeufs pourris » en plus du fumier et du lisier); sans oublier les risques biologiques, sanitaires et accidentels (les nombreux rapports d’INERIS sur ce sujet sont à lire).
    Certes, la méthanisation apporterait une réponse énergétique et écologique à la question du traitement et de la valorisation des déchets agricoles.
    Une dizaine d’agriculteurs du secteur de Boulay vont donc « fournir » fumier, lisiers et maïs (20000t/an, pour commencer).
    Du biogaz est obtenu à partir de la fermentation de ces matières d’origine végétale et animale. Ensuite, ce biogaz, composé essentiellement de méthane, alimentera une turbine qui produira de l’énergie sous forme d’électricité et de chaleur.
    Cette électricité sera vendue à EDF au tarif de 0,14€ le KW(les tarifs vont augmenter dans un avenir très proche; c’est N.Sarkozy qui l’a annoncé pour avril). Quant à l’eau chaude, la communauté de communes du Pays boulageois s’en porterait acquéreur pour chauffer piscine, écoles et halte-garderie.
    Ce modèle de développement industriel de l’agriculture se fera en partie aux frais des contribuables (de nombreuses subventions : Ademe, Europe/Feder, Région, Département, Etat)!
    La démarche des porteurs du projet, certes écologique, est essentiellement économique et source de revenus.
    Mais, la rentabilité doit-elle passer avant la qualité de vie des riverains et la préservation de l’environnement?
    Les risques biologiques, sanitaires et accidentels ne doivent surtout pas être occultés: une usine de ce type a « implosé » en Allemagne en 2007 à Daugendorf en Allemagne.

    Aussi, les « futurs » riverains de la « rue des huiliers » et les habitants de Boulay se mobilisent-ils :

    * une association (l’ADPN – Association de Défense du Pays de Nied -) dont l’A.G a eu lieu le 28/1;
    * un blog (http://nonalusine-boulay.over-blog.com) et bientôt un site;
    * une pétition;
    * une bonne couverture médiatique (presse écrite, télévision, radio).

    La relation entre agriculteurs et défenseurs de l’environnement n’est toujours pas toujours aisée; et, tout n’est pas « rose » avec l’énergie verte! »

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